décembre 30, 2025

les très grands excès de vitesse deviennent un délit, mais la mesure ne convainc pas vraiment les automobilistes

À partir de lundi, les grands excès de vitesse deviennent des délits. Une mesure destinée à enrayer un phénomène en forte hausse, mais dont l’efficacité, notamment la menace de la prison, divise les automobilistes marseillais.


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Publié le 29/12/2025 07:00



Mis à jour le 29/12/2025 10:11

Temps de lecture : 3min

Un automobiliste passe devant un radar automatique, le 23 juin 2014 à Englos (Nord). (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Un automobiliste passe devant un radar automatique, le 23 juin 2014 à Englos (Nord). (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Changement dans le code de la route. À partir du lundi 29 décembre, les sanctions sont durcies pour les très grands excès de vitesse, ceux de plus de 50 km/h. L’infraction devient désormais un délit. Les auteurs encourront désormais une peine de trois mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende dès la première infraction, avec inscription au casier judiciaire. Jusque-là, ce n’était un délit qu’en cas de récidive. « En classant désormais ce très grand excès de vitesse comme un délit, avec une réponse judiciaire plus ferme, nous envoyons un message clair : la violence routière n’est plus tolérée », a souligné Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, citée dans le communiqué.

Les auteurs de grands excès de vitesse ne courent pas les rues de Marseille, en tout cas peu s’en vantent. David dépasse les limites, mais pas à ce point, et il comprend ce durcissement de la loi : « Ce n’est pas incohérent. Cela peut faire réfléchir certains. Après, je ne suis pas sûr que la prison ça aide beaucoup à mieux apprendre à vivre, mais je ne suis pas contre. »

Le seul hic pour lui concerne l’application de ces nouvelles sanctions. « Il va falloir construire des prisons, ça va être compliqué, ironise-t-il. Il faudrait peut-être faire autre chose et leur faire faire des choses plus utiles. » « Ce n’est pas une façon de punir, poursuit sa compagne. Il faut éduquer les gens. »

Ce décret d’application d’une disposition de la loi sur les homicides routiers est mis en place pour tenter d’endiguer un phénomène en augmentation, avec une hausse de 69% de grands excès de vitesse depuis 2017, selon le ministère de l’Intérieur, pour plus de 63 000 infractions relevées en 2024. La menace de la prison peine cependant à convaincre Malika. Pour cette automobiliste chevronnée, cela ne changera pas les mentalités. 

« Quand il y a des excès de vitesse, c’est probablement que les gens n’ont pas conscience du danger qu’ils font subir aux autres et à eux-mêmes. La prison n’a jamais empêché de commettre des délits. »

Malika a été familière des excès de vitesse. Elle fait désormais très attention mais ce ne sont pas les sanctions qui l’ont fait changer, mais un stage de récupération de points difficile : « Cela m’a beaucoup coûté d’un point de vue émotionnel parce que c’était assez compliqué. Et non, je fais quand même très attention… »

Des stages qui n’empêchent pas la multiplication rapide des très grands excès de vitesse ces dernières années. Pour Olivier, qui sait de quoi il parle, cette grosse amende et le risque de prison peuvent créer l’électrochoc nécessaire. « J’ai perdu mon permis de conduire à force d’excès de vitesse de plus de 10 km/h successifs. Donc je n’ai plus de permis de conduire et je trouve que c’est plutôt une bonne mesure. Il faut être plus exigeant par rapport au respect des limites de vitesse. C’est énorme 50 km/h au-delà de la limite ! »

Mais encore faut-il que « la menace judiciaire soit crédible », ajoute Olivier qui dit mal voir la justice surcharger encore les prisons pour des excès de vitesse.

Le reportage d’Alexis Arades à Marseille

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