Bertrand fait les yeux doux à la gauche

Le premier tour des élections régionales est fixé le 13 juin prochain. Pour l’instant. Le scrutin aurait dû se tenir en ce moment et un nouveau report n’est pas exclu. Le Conseil scientifique rendra son rapport à ce propos la semaine prochaine.

D’ici-là les grandes manœuvres ont démarré, notamment dans les Hauts-de-France. Ce qui s’annonçait comme une formalité pour le président sortant Xavier Bertrand se complique, avec pour la première fois une liste unique à gauche. Mais là encore, tout n’est pas simple.

Avec quatre partis pour une seule liste, les places vont valoir très cher. Beaucoup d’élus PS souhaitaient y figurer et risquent de rester sur le carreau. D’après nos informations, seuls 30% des places seront réservées aux socialistes (30,5% pour EELV, 30,5% pour le PS, 28% pour LFI, 11% pour le PCF). De quoi nourrir les déceptions. “Ca va faire des dégâts, lâche un maire socialiste. Chez moi, les militants PS ne veulent même plus faire campagne”.

Bertrand mise sur une liste “de rassemblement”

Un élu de gauche dans le Pas-de-Calais concède : “J’attends de voir le programme, car entre le PS et LFI il y a un vrai risque de contradiction, sur l’Europe par exemple”. Une position d’attente adoptée par la plupart des barons locaux comme Martine Aubry, restée muette depuis l’annonce de l’union.

Ce malaise n’a pas échappé à Xavier Bertrand. L’ancien membre des Républicains a ouvert la porte. Sur France 3 mi-mars, il le suggérait : “Je composerai une liste de très large rassemblement. Il y aura (sur la liste, ndlr) des gens qui ne voteront pas forcément pour moi à l’élection présidentielle mais des gens qui ont du cœur et ont envie de se battre pour la région”. 

Une ouverture à gauche, politique ou société civile, assumée par son vice-président à la région Christophe Coulon. “S’il y avait des personnes d’une sensibilité de gauche, qui n’est pas celle de Xavier Bertrand, parce qu’il est un homme de la droite sociale, pourquoi ne pas envisager une coopération ?“, explique-t-il au micro de RTL.

Certains PS ont déjà gratté à la porte de Xavier Bertrand

Un conseiller régional de droite

Depuis son arrivée en 2015, le président des Hauts-de-France prend grand soin des élus socialistes de sa région. “C’est un ami”, tranche un maire de gauche dans le Pas-de-Calais. “Je n’ai aucun grief contre lui”, concède un autre. De là à annoncer leur ralliement à Xavier Bertrand ? “Certains PS ont déjà gratté à sa porte”, jure un conseiller régional de droite.

Un braconnage à gauche ?

En coulisse, Xavier Bertrand aurait multiplié les appels du pied. “Disons qu’il suggère, il tend des perches, il regarde si ça mord“, assure un poids-lourd du PS qui assure avoir été approché. Le sénateur du Nord Patrick Kanner accuse le président des Hauts-de-France de braconnage. “Xavier Bertrand pratique le racolage. Il va chercher des soutiens à gauche, il fait son marché, avec beaucoup de propositions. Il doit y avoir beaucoup de personne à qui il a promis le poste de 1er vice-président !”, explique-t-il.

Dans l’entourage de Xavier Bertrand, on dément : “Non, aucun débauchage”. Mais à droite, certains élus s’agacent de ces rumeurs. “On ne va pas se coltiner tous les recalés de la liste de gauche !”, peste un maire LR.

Cette main tendue à gauche n’est elle pas court-termiste, à un an de la présidentielle que Xavier Bertrand prépare de longue date ? “Le problème de Bertrand c’est qu’il court deux lièvres à la fois”, résume, un baron du PS. “Il veut être le candidat du centre pour les régionales et le candidat de la droite pour la présidentielle, il y a un risque de grand écart”. Attention au claquage…

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