Au Vieil-Évreux dans l’Eure, Gisacum va accueillir les jeux antiques

Les Jeux olympiques sont une version moderne des compétitions de sports antiques. Grecques puis romaines, les pratiques se sont répandues dans l’Empire au fil des conquêtes, notamment en Normandie. Au Vieil-Évreux (Eure), Gisacum en est le parfait exemple. Devenu un site touristique et surtout un centre de recherche archéologique, dans cette cité gallo-romaine de 250 hectares dédiée aux dieux, des fouilles furent engagées dès le XIXe siècle. Des centaines d’archéologues ont mis à jour un théâtre, un forum, des maisons, des temples et surtout, des thermes avec un aqueduc de 27 km de long.

Les vestiges montrent que ces installations thermales étaient voisines d’une ronde de colonnes encadrant une palestre, un lieu d’entraînement sportif, l’ancêtre du stade. Alors, dans le cadre de la programmation « Un été à Gisacum » et pendant cette période olympique, le Département de l’Eure a décidé d’organiser le samedi 31 juillet et le dimanche 1er août, des démonstrations et des spectacles autour des sports antiques et modernes au cœur des vestiges. Le temps des olympiades moins le décalage horaire.

Le monde romain est celui du spectacle

Bien entendu, avec les siècles, les sports ont évolué, « car, à la base, la société romaine était bling-bling. On aimait montrer sa beauté, sa force et sa richesse. Mens sana In corpore sano, un esprit sain dans un corps sain, explique Nicolas Dumont, le médiateur culturel à Gisacum. Ensuite, les compétitions étaient organisées pour les dieux et pour la réputation de la cité du sportif. Il n’y avait pas de classement. Les vainqueurs remportaient une couronne, des bracelets rouges, une palme et une somme d’argent »

Les disciplines répertoriées alors sont peu nombreuses et existent toujours : le pentathlon, qui comprend 5 épreuves : le lancer de disque et de javelot, la lutte, la course et le saut en longueur pieds joints avec des haltères ; la boxe sans gant avec des lanières en cuir ; le pancrace et le tir à l’arc en hauteur sous la forme de la chasse à l’oiseau. « Il fallait être citoyen donc être de l’Empire, être libre et avoir le droit de voter pour accéder à la palestre. Tout le monde pouvait venir pratiquer en loisirs ou venir s’entraîner. Tous les sports étaient accessibles aux femmes sauf ceux de combats et sans mixité », détaille Olivier Brun, le directeur de Gisacum.

Site : www.gisacum-normandie.fr

Les archéologues du sport

Ainsi, pour les deux journées dédiées aux sports antiques, le public pourra rencontrer des clubs sportifs eurois et surtout la compagnie Acta Archéo d’Arles, « les spécialistes en France des sports antiques et de la gladiature, reprend Nicolas Dumont, le médiateur culturel. Dans le monde de la reconstitution, ce sont les meilleurs. Ce sont des sportifs de haut niveau qui font de l’archéologie expérimentale. Leur pratique est basée sur des recherches tant sur le physique que sur les techniques. Et cela évolue en fonction des découvertes comme dernièrement : ils ont trouvé que le disque était, en Grèce, une arme de guerre pour casser les boucliers des adversaires. Ils sont dans le détail, dans l’authenticité ». Chaque tableau reconstitué sera détaillé et commenté, pour un week-end à la fois sportif et culturel.