Pour Marine Le Pen, le rassemblement c’est maintenant, aux dépens de Nicolas Dupont-Aignan

Alors qu’une centaine de dissidents de Debout la France viennent de la rejoindre, la leader du Rassemblement national tente de nouer d’autres alliances.

Marine Le Pen, que les sondages actuels donnent au second tour de la présidentielle, a souhaité ce lundi 22 mars rassembler au-delà de son camp dès le premier tour, en accueillant le ralliement d’une centaine de dissidents souverainistes de son ancien allié de 2017 Nicolas Dupont-Aignan. Des dissidents de Debout la France qui ont appelé à « s’unir » autour de sa candidature. « Ce rassemblement doit se faire dès le premier tour », a fait valoir la candidate à l’Élysée, en vantant « la logique unificatrice voulue par le général De Gaulle », longtemps honni par ses partisans mais auquel elle rend désormais hommage.

Les dissidents ont présenté leur nouveau mouvement de « droite gaulliste », nommé L’Avenir français, appelé à jouer un rôle de « trait d’union » avec le Rassemblement national. La présidente du Rassemblement national n’a plus le soutien de Nicolas Dupont-Aignan, qui avait conclu avec elle un accord de gouvernement entre les deux tours de la présidentielle de 2017 et devait devenir son Premier ministre. Le souverainiste a finalement décidé de faire cavalier seul en 2022. Il était crédité de 4 % des voix début mars selon l’Ifop.

« Compromis »

La nouvelle formation, « statutairement et financièrement indépendante » du RN, rejoint ainsi d’autres mouvements satellites du RN, comme la Droite populaire de l’ancien ministre sarkozyste Thierry Mariani et le Mouvement localiste animé par le député européen du RN et chantre de l’écologie identitaire Hervé Juvin. Marine Le Pen s’est même dite « prête » au « compromis », mettant en avant de récentes « inflexions programmatiques ». Le RN ne veut par exemple plus sortir de l’UE ni suspendre les accords de libre circulation de Schengen.

La cheffe du RN prévoit de former, si elle est élue, un « gouvernement d’union nationale » auquel elle associerait des personnalités pas forcément encartées RN, comme l’ancien LR Jean-Paul Garraud à la Justice.

« Hégémonique »

Alors que l’extrême droite conservatrice, identitaire, et proche de sa nièce Marion Maréchal, pousse la candidature d’Éric Zemmour, elle a fustigé les « candidatures vaines, de témoignage » qui seraient « dommageables » à sa « famille de pensée ». Elle a assuré qu’elle ne serait pas la candidate « du RN » mais « soutenue par le RN » alors qu’elle songe à abandonner la tête de son mouvement, pour ne pas être « enfermée dans une présidence de parti politique ».

Pour autant la cheffe du RN, qui peine à forger des alliances, considère que « le compromis n’est pas la compromission » et met « trois limites » à l’ouverture politique : « la cohérence globale du projet », « le respect des engagements », et « le respect en toutes circonstances de l’unité nationale ».

Accusée de manquer de personnel politique, la candidate du « peuple » a assuré qu’elle travaillait à « faire émerger une nouvelle élite pour le pays ». Mais les personnalités avancées à ce stade pour devenir d’éventuels ministres sont les mêmes que Mme Le Pen avait investies aux élections européennes et qu’elle a désignées pour les régionales.