Effondrement mortel de la scène lors d’un concert de Madonna : le verdict tombe à Marseille, 12 ans après les faits

l’essentiel
Voilà 12 ans que les faits se sont produits : trois entreprises étaient appelées à comparaître dans l’affaire de l’effondrement d’une scène, lors d’un concert de Madonna au Vélodrome, le 16 juillet 2009. L’accident avait fait deux morts. Les entreprises ont fait l’objet de lourdes amendes. 

Près de 12 ans après, l’effondrement mortel de la scène prévue pour un concert de Madonna, à Marseille, a enfin connu mercredi son épilogue judiciaire, avec des peines de prison avec sursis pour les dirigeants des trois entreprises en cause. 

En s’écroulant comme un château de cartes, le 16 juillet 2009, sur la pelouse du stade Vélodrome de l’Olympique de Marseille, le toit de la scène du concert prévu par la Reine de la pop avait fait deux morts, Charles Criscenzo, un Français de 52 ans, et Charles Prow, un Anglais de 23 ans. Huit autres ouvriers avaient été blessés, dont l’un, Giuseppe di Silvestro, s’était suicidé deux ans plus tard. “Je suis soulagé, libéré”, lâche Julien Pascal, l’un des cordistes juchés dans ce gigantesque mikado métallique lors du drame : “J’espère juste que ça va mettre un peu de plomb dans la tête des ‘tourneurs’, on est encore trop souvent considérés comme des pions !”, explique-t-il après le délibéré. 

Plus “le montage d’un cirque”

Certes le tribunal correctionnel de Marseille n’a pas été jusqu’à prononcer de la prison ferme, restant en-deçà des réquisitions du parquet, qui avait notamment demandé un an ferme pour Tim Norman, le patron d’ESG, l’entreprise anglaise propriétaire de la scène et chargée de son montage. Mais la présidente du tribunal, Marie-Pierre Attali, a été claire: “Le fonctionnement des entreprises a été marqué par la rentabilité au détriment de la sécurité. Si tout avait été mis en œuvre conformément à la loi, l’accident ne serait pas arrivé, en tout cas il n’y aurait eu aucun blessé”. 

A lire aussi :
Effondrement mortel de la scène de Madonna : le procès, onze après, à Marseille

Ce jour-là, sur la pelouse du stade Vélodrome, “on était plus dans le montage d’un cirque sur une place de village qu’à celui de la scène d’une tournée mondiale”, avait accusé l’un des deux procureurs, Michel Sastre, à l’audience, en octobre. Après quatre mois de délibéré, la peine la plus sévère a été prononcée contre Jacqueline Bitton, alias Jackie Lombard, 73 ans, alors présidente de Live Nation France, la filiale française du géant américain de l’organisation de concerts : deux ans d’emprisonnement avec sursis, 20 000 euros d’amende et deux ans d’interdiction d’exercer sa profession. 

Interdictions de travail

Tim Norman, 65 ans, a également écopé de deux ans avec sursis, avec une amende de 15 000 euros. Les deux autres condamnés sont Mathieu Anton, 43 ans, le gérant de Tours Concept France, entreprise chargée d’assister ESG et pour qui travaillaient neuf des dix victimes, et le Britannique Scott Seaton, 50 ans, le chef d’équipe recruté pour ce chantier par ESG : ils ont respectivement écopé de 18 mois et un an de prison, à chaque fois avec sursis. Mathieu Anton devra en outre verser une amende de 10 000 euros. 

Les trois derniers prévenus, deux directeurs d’ESG et un dirigeant de Mediaco, l’entreprise marseillaise propriétaire de la grue impliquée dans le drame, ont quant à eux été totalement relaxés des poursuites pour homicides involontaires et blessures involontaires. 

Lourdes amendes

Parmi les entreprises appelées sur le banc des prévenus, Live Nation France et Tours Concept France ont été condamnées à des amendes de respectivement 150 000 et 50 000 euros. Dans ce dossier très technique, les experts judiciaires avaient affiché une certitude lors du procès: la chute du toit a été la conséquence directe du mauvais placement de l’élingue utilisée par la grue pour hisser l’un des angles du toit, après la panne de deux treuils. Ce câble aurait entraîné la rupture brutale d’une des poutres métalliques puis se serait déchiré, entraînant l’écroulement de l’ensemble de la structure. 

Se déclarant “contraint” de faire appel face aux “aberrations juridiques” de ce verdict, Eric Morain, l’avocat de Jacqueline Bitton, a dénoncé “la mort sociale” infligée à sa cliente en lui interdisant de travailler pendant deux ans. Et de rappeler au passage que c’est Jackie Lombard qui est supposée organiser le prochain concert de Céline Dion en France…